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Sortir du cadre


Image du post yabadene belkacem de pixabay (voir lien en fin de post)


Clef création 3 : Explorer le cadre


Dans les deux post précédents de cette série, nous avons abordé le jeu qui déverrouille et la curiosité qui ouvre ton esprit, pour saborder la logique rationnelle pendant le temps de création. En effet, se distraire et perdre le fil est un ingrédient primordial pour créer.

Etoui ! L’acte créatif nécessite de savoir sortir du cadre, pour prendre du recul, comme le peintre s’éloigne de son œuvre pour la jauger et surtout pour aller chercher les solutions. La création est le plus souvent un casse-tête à résoudre, un genre de puzzle à mettre en ordre. Sauf que voilà, tu n’as pas toujours sur toi toutes les pièces, il faut aller voir ailleurs, là où habituellement tu ne mets pas les pieds.

Il faut explorer puis sortir du cadre ou le faire exploser !


La création, par définition, s’aventure en territoire inconnu. Avant de crier Euréka ! il faut faire un détour, prendre une trajectoire différente et sortir de la rationalité, encore une fois. Il faut des liens différents, des associations, des inflexions qui ne font pas partie de la ligne droite. La solution que tu cherches est toujours en dehors du cadre. Si elle y était, il y a longtemps que tu l’aurais trouvé !

Guy Aznar, pionnier français de la créativité, propose de symboliser ce moment de la création par une courbe, symbole du détour opposant « la pensée en ligne droite » et « la pensée en arrondi ».

[La créativité Définitions, Guy Aznar, dans les cahiers de la créativité, édition Créa Universités]


La copie n’est pas une création, pour créer il faut introduire une pensée différente, forcément ! Penser autrement nécessite de franchir les frontières, de faire bouger les lignes quoi ! Toute nouvelle idée nécessite une rupture, et un passage. Il doit y avoir un avant et un après. S’entrainer à provoquer cet écart est une voie pleine de surprises.



Ce qui détermine nos actions et notre identité est comme la peau qui nous délimite, cela nous définit.

Si on n’élargit pas son enveloppe pourtant, cette ossature devient une contrainte dont on peine à s’échapper. L'humain a besoin d’extension au bout de ses doigts, il invente des outils pour aller au delà de ses capacités corporelles et psychiques. Dans un premier temps, il est primordial de repérer le bornage, de délimiter. A l’AteLier, lors des stages de dessin, je propose plusieurs exercices qui ont pour but de prendre conscience du cadre justement. Les participants exécutent un graphisme simple avec une consigne qu’ils doivent respecter. Au bout d’un moment, variable suivant les individus, la nécessité de dépasser la consigne est évidente. Elle implique que la personne ait expérimenté et en quelque sorte « ingéré » la consigne, et donc identifié le cadre.

Image Gerd Altmann


Quand on connaît la charpente, on peut questionner la règle qui lui donne forme, la remettre en question donc et choisir la position que l’on veut prendre par rapport à elle.

Vas-tu rester dans le contenant de départ pour l’explorer ou en sortir et inventer tes propres consignes ? Pour le savoir, tu dois avoir parcouru parfaitement tous les recoins de cette boite qui est la tienne ou que l’on t’impose. Tu dois t’être un peu cogné à ses limites pour prendre conscience de ce qu’elles t’empêchent de faire.

A quoi les limites te contraignent-elles ?


Ce sont les dimensions du papier, le matériel utilisé, le médium, le temps imparti, écoute-tu de la musique ou as-tu besoin de silence, est ce que tu te déplace ou reste immobile, est ce que tu parles tout haut ou soliloque de l’intérieur. L’environnement (extérieur/intérieur, isolé/en groupe/en public, au chaud, au froid, en ville ou à la campagne….), les gestes autorisés, le cahier des charges, ce qui est permis, ce qui est défendu. Avant un nouveau dessin, tout un tas de règles me viennent comme un jeu. J’exclue certains graphismes, certaines couleurs, des dépassements de lignes, certains gestes sont autorisés et d’autres bannis pour le dessin en cours. Et puis à un moment, parfois, il y a le dessin de trop et je dépasse la ligne. (voir le texte Cross the line et la vidéo Silhouette ).


Tu peux choisir un autre papier, un autre format ou un autre médium, décider d’expérimenter une autre échelle, solliciter d’autres sens, expérimenter, tester, pour voir ou parce que tu t’ennuies, ou parce qu’un carcan te freine, te bride, t’empêche d’aller là où tu veux. Qu’est ce qui provoque ton inhibition et te bloque la voie ? Qu’est-ce qui t’enchaine aux règles et de les faire voler en éclats pour aller au-delà, d’innover en fait ? Imaginer le parcours en termes de possibilités et non de contraintes est l’amorce du détour. Sortir du cadre devient une promesse que l’on sollicite.


La courbe du détour c’est l’imaginaire


C’est encore le jeu qui emmène vers un contexte suffisamment différent pour qu’il renferme l’aventure que l’on veut tenter. Il faut imaginer comment continuer à jouer, quitte à tricher (tricher c’est encore jouer, ce n’est pas de la trahison ! ) ou décider de sortir du jeu et en trouver un autre.

La zone de divergence prépare la création, sans être en soi l’espace de création. Il faut être concrètement mobile.

« L’imagination peut s’enrayer lorsque l’on reste immobile. Quand on marche, qu’on bouge, qu’on est confronté à la différence, on subit de nombreux facteurs ; plus les influences sont nombreuses, plus on a une idée claire de ce que l’on veut faire ».

Propos de l’artiste interprète plasticien Victor Hugo, dans Se lancer dans un parcours artistique, collectif sous la direction du bureau d’études de l’Association professionnelle des métiers de la création-Smart- Les impressions nouvelles, Bruxelles, 2014


La création prépare toujours un nouveau cadre, plus précis, plus adapté. Jusqu’à ce qu’il ne le soit plus, et ainsi de suite. C’est effectivement un mouvement perpétuel, un chemin autre à chaque pas que l’on fait, sinon on n’irait pas.


Image Stefan Keller


La rupture avec la pensée rationnelle jusqu’à « la folie » au besoin, celle que ton esprit logique caractérise comme telle au moins, te pousse. C’est l’intuition qui guide ! La nouvelle pièce du puzzle doit être adaptée pour se clipser à l’ensemble antérieur, à la personne que tu es, à ta propre mécanique. Si elle ne l’est pas, c’est un grain que tu vas introduire dans le rouage. Ce n’est pas le but. Pour actionner correctement le mécanisme et le mettre en marche, la nouvelle pièce doit être nouvelle certes, unique, mais aussi précise et adaptée.


Pour être efficace dans le hors-piste il faut une préparation, autrement dit s’y habituer, apprendre à mieux le connaitre. Aborder d’emblée un sentier non balisé, donc inconnu, c’est prendre des risques, voir se mettre en danger. C’est par peur de ce danger potentiel qui n’existe que comme une possibilité qu’on se retient d’aller explorer les marges. La bordure recèle pourtant des positions inédites, entre deux mondes, un peu de chaque bord, elle devient en soi un monde à part. Quelle que soit la motivation, se blesser ne fait pas partie du logiciel, le cerveau a des mécanismes de défenses puissants. La solution est un peu entre les deux, c’est une prise de risque.

Philippe Petit, funambule de génie, ne se lance pas sur son câble avant d’avoir maitriser tous les détails techniques. C’est de cette façon qu’il traverse le vide et exerce son art. « Je ne peux pas tomber. Là-haut, il me vient des réserves insoupçonnées d’énergie. Sur un câble, je me sens indestructible. Sinon, je n’irais pas. »

On croit qu’il est difficile de franchir les barrières mais c’est la peur de s’éloigner, le sentiment d’insécurité qui t’accroche à ton cadre de référence…. Et t’y aliène !!

La fameuse zone de confort dont il faut sortir est le plus souvent une image… d’inconfort !! A partir de là on tourne en rond autour de la peur de l’inconnu, quand aller au-delà de la fameuse zone de confort est perçu comme une douleur à venir et s’apparente à un danger ! C’est un cercle vicieux !!! Des voyants rouges clignotent en tous sens, on culpabilise, on se fait violence. Forcément, la seule chose que le cerveau imprime c’est « ça ne marche pas ! ». Aborder le dépassement des limites par une frustration ou la vision d’un effort pénible et douloureux, d’un labeur sacrificiel, mène droit à la procrastination !!!


« Elargir sa zone de confort » est beaucoup plus motivant !!

Nathalie Martin dans la vidéo que tu trouveras à la fin de cet article, démontre à merveille que ce que tu appelle zone de confort est en fait ta « zone de routine » !! Sortir de ta zone de routine pour élargir ta zone de confort c’est quand même plus motivant non ?


Faire exploser le cadre, c’est d’abord regarder différemment.


Explore la frontière dans un premier temps. De fil en aiguille on s’aventure derrière les lignes, et on en redemande ! Pour partir en exploration il faut s’en donner la permission. Or on apprend tout jeune à se méfier de ce qu’on ne connaît pas, à limiter ce qu’on ne maitrise pas. Le logiciel installé par nos parents, l’éducation, l’environnement, est indispensable au petit d’homme pour se construire. A un moment, il faut pourtant remettre en cause l’enveloppe et oser des champs de réflexion inhabituels. Le jeu est un cadre dans le cadre, il t’emmène plus loin en sécurité ! Il ne s’agit pas de risques, mais d’accroitre ses capacités, son habileté, de tester le savoir-faire et de le démultiplier !! Il est indispensable d’apprendre cette négociation avec la réalité pour progresser pas à pas. Pour la création, aller au-delà du connu, de l’apprentissage, n’est pas négociable. Pour avancer sur le chemin de la création, on ne peut pas y mettre juste un petit doigt de pied !

image Tom und Nicki Löschner


Quand tu passes les niveaux, la scène change, les règles sont presque les mêmes, tu gardes le même avatar, mais le jeu se complique. En même temps tu es motivé(e), excité(e) par le challenge. Tu as faim ! Et c’est ce qui te fais avancer ! Quand tu avances dans le game c’est parce que tu veux gagner, tu veux la récompense de la victoire, même si elle est symbolique (elle l’est toujours !). Oublie les défis qui te tétanisent et pense à ton envie d’accéder au niveau 2, de découvrir son visuel que tu es tellement curieux (avide !) de visiter. Ce nouveau monde finalement il ne t'’est pas complétement étranger. Il contient aussi ce que tu connais déjà, le défi, et puis peut-être la victoire, et les étoiles dans les yeux si on a de la chance. C’est déjà arrivé avant, tu le sais, tu le sens, ça peut se reproduire. C’est pour ça que tu veux encore avancer. Dans ce nouveau level, il faut passer des paliers qui forcent à travailler certaines aptitudes. Si tu es arrivé là c’est parce que tu es apte à accéder à ce degré de complexité. Chaque marche fait partie d’un même escalier tout en laissant apparaître un point de vue nouveau. Lentement les formes émergent du flou. Puise dans ta mémoire émotionnelle, l’émotion qui débloque les impasses. Utiliser les images, les métaphores, les associations, sollicite le joueur, le gosse ! Imagine la panoplie de ton aventure !


Dans ma pratique du dessin, le flow est un outil. J’y atteins ce que je nomme ma « roue libre », un mélange de laisser faire et de maitrise. Un peu comme quand gamin, tu lâchais les mains sur ton vélo !! Tu crois que ça ne peut durer que quelques secondes, jusqu’au jour où tu vois un virtuose du vélocipède, un gars qui a l’air tellement à l’aise sur sa roue unique, sans guidon !!! A ce moment, tu penses, moi aussi je veux le faire !


Fais de ta sortie de cadre une attente, une nécessité, une promesse de joie !


S’aventurer au-delà de tes propres frontières n’est pas négociable pour entrer en Création 2.0 !!

Avec la sortie de cadre, les gamelles pourtant il faut les négocier. La prochaine étape, Intégre l’erreur !!



Je te souhaite de belles sorties de pistes

Prends soin de toi !


myriam


PS Je terminais mes posts de la même façon bien avant que cette allocution devienne une tarte à la crème. Je ne vois pas pourquoi je changerai mes habitudes à cause d’un… d’un… Allez tchô !


Les autres épisodes de la série

Les clés de la création 1 Dévérouiller la création

Les clés de la création 2 Ouvre ton esprit

Les clés de la création 5 Trouver l'équilibre

Les clés de la création 6 S'entrainer



Crédits photo (liens non affiliés) Pixabay



Pour aller plus loin, la vidéo de Nathalie Martin



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